Agir d'après des principes, Kant - Extraits et questions

Extrait 1 :

Toute chose dans la nature agit d'après des lois. Il n'y a qu'un être raisonnable qui ait la faculté d'agir d'après la représentation des lois, c'est-à-dire d'après les principes, en d'autres termes, qui ait une volonté. Puisque, pour dériver les actions des lois, la raison est requise, la volonté n'est rien d'autre qu'une raison pratique.

Emmanuel KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs, tr. Delbos, Delagrave, Paris, 1989, p. 122.

Questions :

1. L'action morale humaine est-elle ou non conforme à l'ordre de la nature ? Pour quelles raisons ?

2. Comment la volonté est-elle ici définie ?

3. Comment le concept de principe est-il ici défini ?

4. Quelle différence y a-t-il entre "agir d'après des lois", ce qui dans la nature caractérise toute chose, et "agir d'après la représentation des lois", qui caractérise seulement l'homme ?

5. Comment la question de la liberté de l'action humaine se trouve-t-elle engagée dans ces distinctions ?

6. Quelle est, d'après le texte, la fonction de la raison ?

7. En quel sens et pourquoi faut-il dès lors assimiler volonté et raison pratique ?

Extrait 2 :

Si la raison chez un être détermine infailliblement la volonté, les actions de cet être qui sont reconnues nécessaires objectivement sont aussi reconnues telles subjectivement, c'est-à-dire qu'alors la volonté est une faculté de choisir cela seulement que la raison, indépendamment de l'inclination, reconnaît comme pratiquement nécessaire, c'est-à-dire comme bon. Mais si la raison ne détermine pas suffisamment par elle seule la volonté, si celle-ci est soumise encore à des conditions subjectives (à de certains mobiles) qui ne concordent pas toujours avec les conditions objectives, en un mot, si la volonté n'est pas encore en soi pleinement conforme à la raison (comme cela arrive chez les hommes), alors les actions qui sont reconnues nécessaires objectivement sont subjectivement contingentes, et la détermination d'une telle volonté, en conformité avec des lois objectives, est une contrainte ; c'est-à-dire que le rapport des lois objectives à une volonté qui n'est pas complètement bonne est représenté comme la détermination de la volonté d'un être raisonnable par des principes de la raison sans doute, mais par des principes auxquels cette volonté, selon sa nature, n'est pas nécessairement docile.

Ibidem, p. 122-123.

Questions :

1. Que signifie le fait que la raison, chez un être, "détermine infailliblement la volonté" ? Formulez une expression synonyme.

2. Selon vous, comment peut-on expliquer que certains êtres humains savent ainsi déterminer  infailliblement leur volonté par la raison ? Y a-t-il ou non des conditions à remplir pour acquérir cette capacité ?

3. Pourquoi les actions entièrement déterminées par la raison ont-elles à la fois une nécessité objective et une nécessité subjective ?

a) Que signifie ici "nécessité objective" ?

b) Que signifie ici "nécessité subjective" ?

4. À quoi la volonté est-elle par conséquent déterminée, d'après le texte, lorsqu'elle l'est uniquement par la raison ?

5. Dans quelles situations la volonté n'est-elle pas suffisamment déterminée par la volonté ?

a) Qu'est-ce qu'un mobile ? Pensez au mobile d'un crime, puis donnez des exemples de mobiles dans la vie morale.

b) Trouvez des exemples de situations dans lesquelles  les "conditions subjectives" de l'action (ses mobiles) "ne concordent pas" avec ses "conditions objectives".

6. Quelle difficulté pose le fait que certaines actions peuvent alors être "reconnues nécessaires objectivement" mais sont dans le même temps "subjectivement contingentes" ?

7. Définissez le sens des concepts de nécessité et de contingence dans ce contexte.

8. Comment la contrainte est-elle définie ici ?

9. Quelle difficulté pose alors la situation dans laquelle notre volonté agit ainsi sous la contrainte de principes de la raison ?